Michel Cuypers, Une apocalypse coranique. Lecture des trente-trois dernières sourates du Coran, Gabalda, Paris, 2014, 360 p.
Après avoir exploré la structure de la longue sourate 5 dans son livre Le Festin (2007), l’auteur applique ici l’analyse rhétorique aux trente-trois petites sourates (81 à 114) de la fin du Coran. La lecture du texte à l’aide des principes de la rhétorique sémitique permet de saisir la cohérence interne de chacune de ces sourates, mais également les liens sémantiques qui les relient entre elles. Ces sourates, habituellement traitées comme de petites unités textuelles indépendantes, forment en réalité un ensemble sémantiquement cohérent, composé de plusieurs sous-ensembles hiérarchisés. Il en résulte des interprétations nouvelles pour des sourates dont plus d’une posent question en raison de leur extrême concision. Deux grandes thématiques dominent ces sourates : l’eschatologie (Jour du Jugement et résurrection) et la vie du Prophète, évoquée par petites touches discontinues, depuis l’éveil de sa mission prophétique (sourate 81) jusqu’au triomphe de sa prédication (sourate 110). Comme dans Le Festin, l’analyse rhétorique est enrichie par l’intertextualité, confrontant le texte coranique avec la littérature sacrée circulant dans l’Antiquité tardive : la Bible, en premier lieu, mais aussi plusieurs écrits intertestamentaires, le Livre d’Hénoch, le Testament de Moïse et autres. L’image qui ressort de ces sourates, datant de l’époque mecquoise, est celle d’un Messager chargé d’annoncer le Jour du jugement et, dans cette perspective, d’appeler les riches à plus de justice envers les démunis et à un culte plus sincère, des thématiques qui rejoignent celles des prophètes bibliques.