La 53ᵉ Foire internationale du livre du Caire s’est achevée avec le souvenir de soirées dédiées à la poésie et à la calligraphie arabes, et à de multiples propositions pédagogiques pour les plus jeunes. De belles initiatives qui nous ont réjouis. Pour autant, en parcourant ce prodigieux labyrinthe de corridors parsemés de monticules de livres, nous nous sommes demandés si nous n’assistions pas aussi à une forme d’amoindrissement des publications islamiques qui ont fait jadis la renommée de cet événement. De foires en foires, la réalité de la sécularisation semble s’inscrire subrepticement dans le monde égyptien et se lire avec toujours plus d’acuité. Quoi qu’il en soit, pour l’Idéo et sa bibliothèque, la foire reste toujours incontournable ! Feu notre frère Emilio Platti s’était d’ailleurs enquis de son billet dès le mois d’août dernier. Il n’aurait manqué pour rien au monde la Foire du livre. La Foire du livre… quelle expression bizarre ! L’idée de foire s’accommode si mal avec l’acte de la lecture. Bien qu’à y réfléchir, de même que l’on tourne et retourne le livre avant de l’acquérir ou que par nos questions l’on s’enquiert auprès des éditeurs de leurs nouveautés et rééditions, de même les chercheurs savent qu’il faut tourner et retourner les mots des livres sur lesquels sont inscrits les pensées hautes de la philosophie, de la théologie ou de la mystique des époques antérieures. Tourner et retourner, contextualiser, interroger dans l’espoir que jaillisse une lueur, une lumière, un feu peut-être, qui vient remettre en cause nos savoirs et nous ouvrir à une compréhension renouvelée pour nous laisser découvrir le secret caché de ces mots venus d’autres temps et d’autres gens. Les livres appellent d’autres livres, ceux des commentaires et ceux des commentaires des commentaires. C’est la géniale intuition de notre nouvelle manière de cataloguer que d’établir les relations qui traversent le temps entre les œuvres et les auteurs. Des livres qui se contredisent, des livres qui se répondent, des livres qui, avouons-le aussi, sont parfois illisibles. Mais à force de lire, d’explorer, de revenir sur un mot, un concept ou l’énoncé exposé sur le tissu d’une page flavescente, à force de rechercher la résonance sémantique dans son contexte historique, la puissance évocatrice d’un poème antéislamique, les allusions politiques et religieuses des Dīwāns, le chercheur avance et avec lui, la science. L’œuvre est salutaire car comme le dit le poète, lire réintroduit les esprits paresseux dans la vie de l’esprit. Pour nous, l’impulsion d’un autre qui vient nous rejoindre du fond des âges au sein d’un moment de solitude où il nous parle et où nous l’écoutons. Nous y rencontrons notre prochain parfois bien éloigné dans le temps ou l’espace ; nous découvrons ses goûts, ses idées savoureuses, son univers fou ou inquiétant, parfois terriblement effrayant. Mais l’homo legens est en mouvement. Lire les penseurs de l’islam ne fait pas d’un dominicain un musulman, mais ce n’est pas non plus sans incidence. C’est peut-être pour cela que l’on fit jadis au Père Farid Jabre le reproche d’être devenu disciple d’al-Ġazālī. L’appréciation rapide est un tantinet indue, mais par ses incessantes lectures, le savant lazariste avait su, il est vrai, le traduire et in fine en faire notre contemporain.
Conférences et interventions
Le 13 février, le frère Emmanuel Pisani a participé à une conférence en ligne intitulée « La fraternité, d’une rive à l’autre de la Méditerranée », dans le cadre de la journée internationale de la fraternité universelle organisée par les Amis de de l’Idéo et Chrétiens en Méditerranée. Regarder la vidéo sur YouTube… (en français)
Le 23 février, Guillaume de Vaulx a donné une intervention intitulée « Le cas de ḥayawān contre insān dans les épîtres des Iḫwān al-ṣafā. Le long trajet et le voyage ardu vers la compréhension de ces trois mots », lors du séminaire « Les animaux dans la philosophie du monde islamique », organisé par l’Université de Munich en Allemagne.
Visites reçues
Le 8 février, nous avons reçu la visite de Mᵐᵉ Claire de Galembert, chercheuse au CNRS en sciences politiques. Elle nous a remis sa thèse dédiée au Père Anawati, et a fait don à la bibliothèque de ses deux derniers ouvrages De la religion en prison (2016) et Islam et prison (2020).
Du 3 au 17 février, nous avons accueilli les frères Jean Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (EBAF) et Anthony Giambrone, vice-directeur et directeur des études.
Le 16 février, nous avons accueilli M. Richard McGregor, professeur associé au département d’études religieuses à l’Université Vanderbilt au Tennessee aux États-Unis.
Le 16 février, nous avons reçu la visite de Mᵐᵉ Ilaria Betti de la section, droits de l’homme, société civile, gender, migration, sécurité et gouvernance, de la Délégation de l’Union européenne en Égypte.
Ce même jour, le 16 février nous avons invité les professeurs Oussama Nabil et Mona Sabry de l’Université d’al-Azhar et partenaires du projet Adawāt.
Le 22 février, nous avons reçu la visite de M. Charles Personnaz, directeur de l’Institut national du patrimoine, et M. Matthieu Berton, chef du bureau des affaires internationales et multilatérales au Ministère de la Culture.
Maison des chercheurs
Durant le mois de février 2022, nous avons eu la joie d’accueillir à la Maison des chercheurs Mˡˡᵉ Louise Gallorini, qui vient d’achever son doctorat en littérature arabe médiévale à l’Université Américaine de Beyrouth au Liban, Mˡˡᵉ Lilli Baručić, étudiante en master d’études islamiques à l’Université américaine du Caire, M. Jean-Roch Dumont, élève conservateur de musées en stage au Musée de la civilisation égyptienne, et Mˡˡᵉ Madeleine Guillermit, étudiante en médecine qui est cette année en volontariat à l’Œuvre d’Orient.
Article sur l’Idéo
David Hoekema, “The Dominican Friars whose Library is Transforming Islamic Studies. How a rare books collection in Cairo expanded into a Center for scholarship and interfaith conversation”, Christian Century, February 11ᵗʰ, 2022.
À venir
À partir du 14 mars, le frère Emmanuel Pisani donnera un cours en ligne de six séances, sur le thème « Islam et altérité » dans le cadre de l’Institut de sciences et de théologie des religions à Paris (ISTR), tous les lundis de 18h00 à 20h00 (heure de Paris). Pour une inscription comme auditeur libre, veuillez contacter :
Le 15 mars sera la reprise des séminaires de l’Idéo avec le professeur Youssouf Sangaré sur le thème « Le patrimoine islamique en débat ». Ce séminaire est organisé par l’Idéo dans le cadre du projet Adawāt et aura lieu dans la salle des séminaires à 17h00.
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