Adawāt : Des outils pour une pensée critique en études islamiques

icon-calendar 1ᵉʳ mai 2018 ‒ 30 avril 2022

Le 27 mars 2018, l’Idéo a signé avec la Délégation européenne en Égypte un projet de quatre années (2018‒2022) pour un budget de 500 000 € pour financer des activités avec plusieurs partenaires : l’Institut des manuscrits arabes, qui dépend de la Ligue arabe, l’Université d’al-Azhar et l’Institut français d’Égypte.

Cette somme financera plusieurs activités, dont le point commun est de mettre à disposition des étudiants, des chercheurs et des enseignants en études islamiques des outils qui leur permettent d’étudier l’islam d’un point de vue critique.

  • Installation du logiciel AlKindi à l’Institut des manuscrits arabes (IMA): l’Institut des manuscrits possède une collection de microfilms de manuscrits arabes du monde entier et l’Idéo une collection d’imprimés dont plus de 20 000 textes du patrimoine arabe classique. En fusionnant nos bases de données, notre catalogue donnera accès aux chercheurs, pour un texte donné, aux références des éditions que possède l’Idéo et aux références des manuscrits répertoriés par l’IMA. Nous enrichissons ainsi l’histoire éditoriale de ces textes et nous facilitons la recherche en études islamiques.
  • Cours de français à al-Azhar: l’Institut français en Égypte (IFE) dispensera 20 heures de cours hebdomadaires pendant trois années dans trois entités différentes à al-Azhar, la Faculté des sciences humaines (filles), la Faculté des langues et traductions (garçons) et le Centre d’enseignement du français (CFE) qui dépend directement du shaykh d’al-Azhar et qui regroupe les meilleurs étudiants des facultés de théologie. Ces cours seront validés par le DELF (Diplôme d’études en langue française). Nous voulons ainsi faciliter l’accès des étudiants aux ressources universitaires en français.
  • Sessions de formation pédagogiques en France: l’IFE enverra chaque année en France pendant quatre ans huit maîtres-assistants des trois entités ci-dessus pour suivre un stage pédagogique d’un mois. La formation des maîtres-assistants permettra un impact à plus long terme sur le niveau de français des étudiants.
  • Atelier doctoral : chaque année pendant trois ans nous inviterons un professeur d’islamologie francophone à venir animer trois séances d’un atelier doctoral avec les étudiants des deux facultés ci-dessus. Nous souhaitons ainsi élargir les horizons des doctorants sur la recherche internationale et leur permettre d’avoir un contact personnel avec les chercheurs francophones.
  • Aide à la mobilité internationale: le projet financera chaque année pendant trois ans le déplacement de deux enseignants des chacun des deux facultés afin qu’ils puissent participer à des colloques.
  • Colloques internationaux au Caire: enfin, l’Idéo organisera deux colloques au Caire, sur le modèle des deux premiers, organisés en 2016 et 2018. Ces colloques donneront l’occasion aux étudiants, aux maîtres-assistants et aux chercheurs égyptiens de présenter leurs travaux et d’échanger avec les chercheurs du monde entier.

L’Idéo et ses partenaires en Égypte, souhaitent ainsi, avec l’aide de l’Union européenne, aider à la formation d’une nouvelle génération de spécialistes égyptiens de l’islam qui soit en relation étroite avec le monde universitaire international, par le biais de la langue française, et mettre à disposition de tous les chercheurs une base de données de référence sur internet en études islamiques.

Portail des Bibliothèques d’Orient

icon-calendar 2017 ‒ 2020

bnfLa Bibliothèque nationale de France, dans le cadre de ses programmes internationaux de numérisation partagée, a lancé le projet d’un nouveau portail numérique intitulé « Bibliothèques d’Orient » pour la sauvegarde, la numérisation, la diffusion et la valorisation du patrimoine des bibliothèques francophones de l’Orient méditerranéen.

La Bibliothèque de l’Idéo a été sélectionnée pour participer à ce portail, qui est consultable sur Gallica depuis le 12 septembre 2017.

Le corpus porte sur les pays bordant la côte orientale de la mer Méditerranée : le Liban, la Syrie, Israël, la Palestine, la Jordanie, l’Égypte, la Turquie, auxquels s’ajoute l’Irak. Il s’articule autour de grandes périodes liées à l’histoire de la région : archéologie orientale ; Églises d’Orient ; Empire ottoman ; relations franco-arabes de Napoléon Ier à la 2e guerre mondiale/question d’Orient.
La volumétrie, pour la première étape, est estimée à 5 000 documents du domaine public dont 2 500 pour la BnF et 2 500 pour les partenaires : imprimés, manuscrits, cartes et plans, photographies, affiches, images et, à terme, documents sonores et audiovisuels.

Les partenaires du portail des Bibliothèques du Levant

La participation de la Bibliothèque de l’Idéo

Le fonds spécialisé de l’Idéo concerne le patrimoine arabo-musulman des dix premiers siècles de l’Hégire. Il faut donc y trouver en priorité les éditions de textes des auteurs arabo-musulmans. La section  icon-tags 9 s’intéresse au spectre général de la culture arabo-musulmane. On y trouve non seulement les sciences religieuses, mais aussi la littérature profane ou l’histoire des sciences. La bibliothèque de l’Idéo possède 11 510 ouvrages dont la date de publication se situe entre 1800 et 1945.
Parmi les 1 404 périodiques que la bibliothèque de l’Idéo conserve aujourd’hui, 964 sont en langues européennes et 440 en langue arabe. Seuls 286 sont vivants dont 171 en langues européennes et 115 en arabe. La bibliothèque compte 87 titres de périodiques arabes publiés entre 1800 et 1945.

Ce sont la littérature arabe, le soufisme et l’histoire qui domineront le corpus que la Bibliothèque de l’Idéo apportera au portail.

La conception de la vérité dans le Darʾ taʿāruḍ al-ʿaql wa-l-naql d’Ibn Taymiyya

ibn-taymiyyaSi l’histoire du concept de vérité reste à écrire, nul doute que la « période axiale » mise en avant par Karl Jaspers1 y jouerait un rôle central. Plus précisément, elle soulignerait l’apparition presque simultanée de deux conceptions de la vérité distinctes, mais qui partagent une même prétention exorbitante à l’exclusivité universelle. La science grecque se donne comme objet de distinguer le vrai du faux, quand la théologie biblique présente un Dieu vrai par opposition à tous les autres.

Continuer la lecture La conception de la vérité dans le Darʾ taʿāruḍ al-ʿaql wa-l-naql d’Ibn Taymiyya

La réception du Kitāb de Sībawayh en Occident

Jean Druel

icon-calendar Septembre 2015 ‒ septembre 2020

Couv SibawayhDans sa thèse de doctorat (1992, publiée en 1995 sous le titre Les voies de la transmission du Kitāb de Sībawayhi, Brill) Geneviève Humbert a révélé l’existence d’un parchemin d’Afrique du Nord (Kairouan ?) du  Kitāb de Sībawayh, daté probablement du 5e/11e siècle. C’est un parchemin très rare qui contient en gros un sixième du Kitāb (les chapitres 327 à 435 de l’édition Derenbourg).

Geneviève Humbert a étudié de façon très détaillée l’histoire de la transmission du Kitāb, aussi bien en Orient qu’en Occident et, selon elle, ce parchemin contient une version du Kitāb assez différente de la version « officielle » mise en circulation par al-Mubarrad (m. 285/898). En particulier, il semble que le « corpus canonique des gloses internes » que l’on trouve dans tous les autres manuscrits n’ait pas intégré son matn.

Voici, toujours selon Geneviève Humbert, les noms des grammairiens andalous qui ont joué un rôle important dans la transmission du Kitāb en Occident.

  • Abū ʿAbd Allāh Muḥammad b. Yaḥyā al-Rabāḥī (m. 358/969) qui a rapporté en Andalousie un exemplaire du Kitāb qu’il avait lu au Caire devant Abū al-Qāsim Ibn Wallād (le frère d’Abū al-ʿAbbās, m. 332/944) et Abū Ǧaʿfar al-Naḥḥās (m. 338/950?).
  • Abū Naṣr Hārūn b. Mūsā (m. au début du 5e/11e siècle), qui a étudié avec al-Rabāḥī (m. 358/969) et Abū ʿAlī al-Qālī (m. 356/967), et dont la version du Kitāb a beaucoup circulé en Andalousie.
  • Abū Bakr ʿAbd Allāh b. Ṭalḥa al-Yābūrī (m. 517/1123) qu’al-Zamaḫšarī (m. 538/1144) a rencontré à la Mecque et avec qui il a comparé son exemplaire du Kitāb.
  • Ibn Ḫarūf (m. vers 609/1212) a trouvé l’exemplaire d’Abū Naṣr Hārūn b. Mūsā et l’a comparé avec un exemplaire personnel d’Abū ʿAlī al-Fārisī (m. 377/987) qu’il avait trouvé en Syrie.

Dans cette recherche, Jean Druel ne s’intéressera pas à la transmission du texte comme le fit Geneviève Humbert, mais aux enseignements grammaticaux qu’on peut tirer de cette différente version du texte. Ce parchemin particulier contient-il des lectures significativement différentes ? Jette-t-il une lumière nouvelle, non pas seulement sur la réception du Kitāb, mais sur les enseignements de Sībawayh ?

Les modèles post-libéraux du pluralisme religieux

Rémi Chéno

Après une courte incursion dans la logique jaïna et son modèle du statut de l’énonciation dans un débat, Rémi Chéno poursuit ses recherches sur la possibilité d’une approche pluraliste des religions.

Dans son ouvrage célèbre, The Nature of Doctrine, 1984, George Lindbeck avait opposé le modèle culturo-linguistique, qu’on appelle désormais modèle post-libéral, au modèle cognitif propositionnel de la métaphysique classique et au modèle expérientiel expressif de la théologie libérale. À un premier examen, ces trois modèles renvoient respectivement à trois théories différentes de la vérité : la théorie pragmatique, la théorie réaliste de la correspondance et la théorie idéaliste de la cohérence. Mais ces associations ne fonctionnent que de façon approximative. Continuer la lecture Les modèles post-libéraux du pluralisme religieux

PLURIEL

L’Idéo est partenaire de la plateforme universitaire PLURIEL.

logo_plurielPLURIEL est la plateforme universitaire de recherche sur l’islam en Europe et au Liban, initiée par la Fédération des Universités catholiques. Elle vise à favoriser le lien entre chercheurs travaillant sur l’islam et sur le dialogue islamo-chrétien en rapport avec les chrétiens d’Orient, à susciter aussi une interaction entre universitaires et acteurs de société, notamment au niveau des entreprises. L’objectif étant de décloisonner les champs de recherche sur l’islam et de développer des outils méthodologiques pour éviter des situations de blocage.

Continuer la lecture PLURIEL

Le Projet des 200

icon-calendar Mars 2013 ‒ février 2016

Logo 200 SiteSuite à l’appel à projet de la Commission européenne (offre Europe Aid/132-617/ L/ACT/EG), un contrat a été signé avec l’Union européenne dans le cadre de l’European Instrument for Democraty & Human Rights le 19 décembre 2012 (référence EIDHR/2012/ 308681) pour un montant de 155 000 €, intitulé : « Historic contextualisation of 200 Classical authors of the Islamic heritage ».

Ce contrat est essentiel pour AlKindi v. 4 puisqu’il ouvre un chantier d’enrichissement de notre catalogue en terme de contextualisation historique et d’intertextualité, qui permettra de mettre en évidence toutes les ressources du nouveau logiciel.

200 auteurs de l’héritage culturel arabe classique seront étudiés en priorité, parmi lesquels : al-Ǧāḥiẓ (m.255/869), al-Farābī (m.339/950), Ibn Sīnā (Avicenne, m. 428/1037), al-Bīrūnī (m. 440/1048), al-Ghazālī (m. 505/1111), Ibn Rushd (Averroès, m.595/1198), Ibn ʿArabī (m.638/1240), Ibn Taymiyya (m. 728/1328), Ibn Qayyim al-Ǧawzīya (m. 751/1350), Ibn Khaldūn (m. 808/1406), Ibn Ḥaǧar al-ʿAsqalānī (m. 852/1449), ou al-Suyūṭī (m. 911/1505), etc.

Ce sera l’occasion d’intégrer au catalogue le contexte historique de ces auteurs et les relations entre leurs œuvres. Cet éclairage contextuel n’est pas anodin pour la recherche : il évite les contresens, permet de saisir les accent novateurs de chaque œuvre ou auteur, dégage les idées centrales des écoles de pensées…

Permettre une lecture critique et respectueuse du turāth

En arabe, l’expression « pensée critique » (tafkīr naqdī) est souvent comprise comme une défiance critique envers la culture arabe ou islamique, insupportable pour beaucoup de chercheurs arabes. Il leur est difficile, par conséquent, d’adopter une perspective historique comme le font les chercheurs occidentaux et préfèrent considérer la culture classique du point de vue de sa consistance interne et de son développement organique. Cette approche anhistorique est précieuse pour goûter la beauté spécifique de la culture arabe mais elle tend à en oblitérer les phases de rupture et devient insuffisante face aux nouveaux défis culturels. Le catalogue AlKindi permet une lecture historique du turāth devenue nécessaire aujourd’hui.

En outre, le turāth est difficile à appréhender parce que beaucoup de ses auteurs sont d’abord les compilateurs des œuvres des Anciens. Leur génie a souvent consisté à résumer, à réorganiser ou à compiler les œuvres de leurs prédécesseurs plutôt qu’à créer une œuvre originale ou novatrice : la contextualisation de ces travaux est donc indispensable à leur lecture.

Vers une cartographie du turāth arabo-musulman

Cette plaquette a été réalisée pour le lancement du Projet des 200, et donne un aperçu général des perspectives de développement que promettent le Projet des 200 et le projet AlKindi v4.

logo-EU