Guillaume de Vaulx, Le Procès animal de la domination humaine, Fable tirée des Épitres des Frères en Pureté (Rasāʾil Iḫwān al-ṣafā), Paris : Les Belles Lettres, 2021, 346 pages.
Un navire humain fait naufrage sur l’île du roi des djinns où l’entente règne entre toutes les espèces. Les naufragés prétendent qu’ils sont les seigneurs, que les animaux sont leurs serviteurs. S’engage alors un procès dans lequel les représentants des nations humaines se succèdent pour prouver leur supériorité. Les familles animales se relaient pour les réfuter.
Telle est l’épître sur les animaux des Frères en Pureté. Une fable-fleuve, un joyau inespéré de la littérature arabe intercalé entre un traité de botanique et un traité d’anatomie. Tout à la fois divertissement et œuvre de mobilisation politique, miroir tendu au prince aussi bien qu’aux peuples, hymne de louange au Créateur, dispute théologique autour du privilège de l’homme dans la Création, allégorie du système philosophique des Frères en Pureté, le Procès animal de la domination humaine, qui connut un grand retentissement depuis les Mille et une nuits jusqu’à la Ferme des animaux d’Orwell, n’a pas fini de nous donner à penser et à débattre.
Pour restituer l’œuvre dans sa forme authentique et en offrir les clefs de lecture, il aura fallu se confronter à des manuscrits aux versions contradictoires, réaliser l’enquête historique replaçant le texte dans son contexte, et opérer l’interprétation philosophique de la fable. Car cette épopée judiciaire est aux Frères en Pureté ce qu’est la Caverne pour Platon, à savoir l’allégorie du système.
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