Guillaume de Vaulx, Les Épîtres des Frères en Pureté, mathématique et philosophie, Paris : Les Belles Lettres, 2019, 318 pages.
Les Épîtres des Frères en Pureté, ouvrage encyclopédique anonyme composé de 52 épîtres et à la datation inconnue, ont traversé l’histoire avec le titre prestigieux de « Coran des imams », clef philosophique donc du livre de Dieu. Ce qui se présente pourtant comme une somme des savoirs profanes (de la science du nombre à la magie), ne pouvait en sortir que plus mystérieuse, obscure, voire impénétrable, attribuée tout autant à la falsafa, aux muʿtazilites, aux soufis, à l’ismaélisme, au šīʿisme.
La présente traduction de six épîtres (sur l’arithmétique, la géométrie, l’harmonie, la sagesse de la mort, les principes métaphysiques et le gouvernement) entend lire enfin l’ouvrage à la lumière de la raison et prendre au sérieux ses débuts mathématiques : la suite arithmétique établit certes l’ordre des nombres, mais raconte aussi la Création, réconcilie sciences et religions au-delà de leurs contradictions, dessine la stratégie de conquête du pouvoir et fonde le système politique juste.
Une telle lecture conduit à la résolution du problème de la paternité de l’ouvrage : qui sont les Frères en Pureté, se demande-t-on depuis la fin du Xᵉ siècle ? Personne, ou bien tous ceux qui se défont de leur individualité et deviennent « une seule âme entre plusieurs corps ».
Mais qui est alors l’auteur de ce concept de fraternité ? Aḥmad b. al-Ṭayyib al-Saraḫsī (?-899), élève du grand philosophe et mathématicien al-Kindī. L’importante présentation qui précède la traduction entend le démontrer.
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