Le concept de souffrance rédemptrice chez les chiites duodécimains

Amir Jajé

Membre de l’Idéo, Le Caire

icon-calendar Mardi 22 mars 2016 à 17h00

20160322_Seminaire_Amir_JajeL’islam sunnite classique ne connaît pas la figure du sauveur, qui serait un intermédiaire entre Dieu et les hommes, et donc pas non plus la notion d’intercession, au sens d’une prière qui pourrait avoir une influence sur le salut de l’humanité. Cependant, le martyre d’al-Ḥusayn lors de la bataille de Karbalāʾ, la marginalisation politique de ses partisans et leur condition minoritaire commune avec les chrétiens ont favorisé des développements théologiques chez les chiites sur le sens de la souffrance et ses implications dans l’au-delà.

Muḥammad al-Bāqir (114/732) et son fils Ǧaʿfar al-Ṣādiq (148/765), les cinquième et sixième imāms, sont les premiers à avoir élaboré une théologie proprement chiite de la préexistence d’al-Ḥusayn et son sacrifice. En véritable Ismāʿīl, fils d’Ibrāhīm, al-Ḥusayn donne sa vie pour l’humanité. À la suite de ce sacrifice, et grâce à lui, le Prophète Muḥammad, sa fille Fāṭima et les douze imāms jouent un rôle d’intercesseurs et de médiateurs pour ceux qui leur manifestent de l’amour. Al-Māǧlisī (1110/1698) rapporte et commente ces traditions dans son livre Biḥār al-anwār.

Les souffrances que s’imposent les chiites dévots sont donc à la fois une preuve d’amour pour ces intercesseurs et une participation au martyre éternel d’al-Ḥusayn. C’est en ce sens que ces souffrances peuvent être qualifiées de rédemptrices.