Dominique Avon
Professeur d’histoire contemporaine à l’Université du Maine (le Mans), enseignant à Sciences Po. (Paris)
30 mai 2013
Gamāl al-Bannā fut un intellectuel en marge des réseaux et institutions du savoir islamique classique comme des sciences humaines et sociales modernes. Autodidacte, travailleur reconnu pour son intégrité et voué dès son plus jeune âge à la promotion d’une plus grande justice sociale, il a pris acte de la tension habitant le monde arabe majoritairement musulman depuis la fin du XVIIIᵉ siècle : avoir été un centre de civilisation rayonnant un millénaire plus tôt ; ne l’être plus de facto.
À la suite d’aînés illustres, son effort intellectuel a donc visé à apporter des éléments de réponse à ce défi. La condition initiale à la réussite de l’entreprise était, selon lui, l’adoption par les musulmans du principe de liberté. L’une des conséquences de la mise en œuvre de ce principe dans le champ de la pensée devait être la refonte du ʿilm en commençant par la déconstruction du Ḥadīṯ. Ce faisant, il ne manqua pas de susciter de vives réactions.Ces aspects sont au cœur des deux essais traduits en français pour un public qui mesure mal l’étendue des débats contemporains en langue arabe ainsi que leurs limites.